NOTE I. LE CARDINAL DE BOUILLON.

Il ne sera pas inutile de rapprocher de ce passage, où Saint-Simon résume (p. 22 et suiv. de ce volume) la vie du cardinal de Bouillon, un ouvrage intitulé: Apologie de M. le cardinal de Bouillon, écrite par lui-même. « C'était l'abbé d'Anfreville, dit le président Hénault [45] , qui en était l'auteur. La lecture en est curieuse et infiniment agréable. »

On trouve aussi, dans les Nouveaux portraits des personnes qui composent la cour de France (1706), un morceau où le cardinal de Bouillon est présenté sous les traits les plus favorables. Je transcrirai ici ce portrait, qui est assez court: « Ce prélat était né pour être plus heureux, ayant autant de mérite que de naissance. Il a brillé dans le monde par ses belles qualités, et encore plus par ses disgrâces. Son dernier malheur fait sa gloire: bon parent, il s'est sacrifié pour sa famille; excellent sujet, il a paru aussi sensible à la colère de son prince qu'il a de zèle pour son service; et, tout utile, tout important qu'il était à l'État, il a mieux aimé s'exiler que de désobéir à son roi. Il s'est fait estimer des grands et s'est fait adorer des petits. Il doit une partie de son élévation à un oncle [46] , dont le nom et le mérite seront immortels; mais il ne doit qu'à soi-même sa réputation. Tous ceux qui connaissent Son Éminence la plaignent, et il n'y a pas un honnête homme qui ne lui souhaite autant de bonheur qu'il y a de travers et de bizarrerie dans son sort. »

 

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[45]
Mémoires, p. 17 et 18.
[46]
Le maréchal de Turenne.