NOTE I. CAUSES DE LA DISGRÂCE DE FOUQUET. — SON PROCÈS.

Saint-Simon parlant de la disgrâce de Fouquet, dit que la principale cause de son malheur fut un peu trop de galanterie et de splendeur. Le jugement de l'histoire est plus sévère. Tout le monde sait que le château de Vaux [39] coûta des sommes énormes, et que Louis XIV indigné fut sur le point de faire arrêter Fouquet au milieu des fêtes qu'il donnait à la cour. Quant à la galanterie de Fouquet, il suffira de rappeler, que les lettres trouvées dans sa cassette ne furent pas toutes détruites, comme on l'a souvent répété; elles existent encore pour la plupart, et attestent les folles prodigalités du surintendant [40] . On prétend que Fouquet, enivré de sa fortune, osa élever ses prétentions jusqu'à Mlle de La Vallière. Cette accusation, reproduite dans quelques Mémoires du temps [41] , reçoit une nouvelle confirmation de la lettre suivante qu'une des entremetteuses de Fouquet lui écrivait [42]  :

« Je ne sais plus ce que je dis ni ce que je fais lorsqu'on résiste à vos intentions. Je ne puis sortir de colère lorsque je songe que la petite demoiselle de La Vallière a fait la capable avec moi. Pour captiver sa bienveillance, je l'ai assurée sur sa beauté, qui n'est pourtant pas grande [43] ; et puis lui ayant fait connaître que vous empêcheriez qu'elle manquât jamais de rien, et que vous avez vingt mille pistoles pour elle, elle se gendarma contre moi, disant que deux cent cinquante mille livres n'étaient pas capables de lui faire faire un faux pas; et elle me répéta cela avec tant de fierté, quoique je n'aie rien oublié pour l'adoucir avant de me séparer d'elle, que je crains fort qu'elle n'en parle au roi, de sorte qu'il faut prendre des devants pour cela [44] . Ne trouvez-vous pas à propos de dire, pour la prévenir, qu'elle vous a demandé de l'argent et que vous lui en avez refusé? Cela rendra suspectes toutes ses plaintes. Pour la grosse femme [45] , Brancas et Grave vous en rendront bon compte; quand l'un la quitte, l'autre la reprend. Enfin je ne fais point de différence entre vos intérêts et mon salut. En vérité, on est heureux de se mêler des affaires d'un homme comme vous; votre mérite aplanit tous les obstacles. Si le ciel vous faisait justice, nous vous verrions un jour la couronne fermée. »

La couronne fermée était un signe de souveraineté, et on peut se figurer l'indignation du jeune roi à la lecture d'une lettre qui lui montrait dans son ministre un rival d'amour et de puissance. Je n'insiste pas sur les expressions injurieuses dont l'entremetteuse se servait pour désigner la mère de Louis XIV. Cette princesse avait encore une haute influence, et Fouquet s'était efforcé de la gagner peu de temps avant la mort du cardinal Mazarin, qui arriva en mars 1661.

Une lettre écrite de la main même de Fouquet renferme les propositions qu'il lui faisait adresser [46] .

« On ne veut point, disait le surintendant, que la bonté qu'elle a lui soit à charge; on aime mieux prendre tout sur soi que de la commettre. Si on a quelques sentiments ou quelque conduite qu'elle n'approuve pas, on lui demande en grâce de le dire. Un mot réglera tout sur le pied qu'il lui plaira. On conjure d'accorder sa confiance et de faire connaître toutes les choses qu'elle affectionnera, de quelque nature qu'elles soient, et celles qu'elle voudra faire réussir sans y paraître, et on demande cela avec la plus grande instance du monde, n'ayant point de plus forte passion que de rendre quelque service agréable, et le zèle n'empêchera pas que l'on ait la discrétion nécessaire. Tout le monde appréhende la domination nouvelle de M. le Prince (Louis de Bourbon), et que Son Éminence ne puisse résister à ses flatteries [47] , et que l'on ait le déplaisir de le voir, sous divers prétextes, triompher de ceux qui ont servi longtemps contre lui. Secret et dissimulation, sans exception, à tout le monde. M. Le Tellier vit fort honnêtement, en apparence, mais peut avoir jalousie et craindre que la faveur n'aille d'un autre côté. Si elle trouve bon qu'on lui rende compte de ce qu'on apprend, ou s'il y a quelque chose dont elle désire savoir la vérité, en s'ouvrant un peu, on tâchera de la satisfaire. »

Fouquet ne paraît pas avoir réussi à gagner Anne d'Autriche. Il prit alors les plus minutieuses précautions pour pénétrer ses secrets il l'entoura d'espions et gagna jusqu'à son confesseur. Nous avons les lettres d'un anonyme qui servait d'intermédiaire entre Fouquet et le cordelier confesseur de la reine. En voici quelques extraits:

« Le cordelier dit hier [48] à la personne dont j'ai parlé à monseigneur que la reine mère lui avait conté un mécontentement qu'elle avait eu du roi, sur ce que l'autre jour, entrant fort brusquement dans sa chambre, il lui fit reproche de ce qu'elle avait prié M. de Brienne [49] de quelque affaire, et qu'il lui dit en propres termes et fort en colère: Madame, ne faites plus de pareilles choses sans m'en parler; qu'à cela la reine ne répondit rien et ne fit que rougir. Il a encore dit que Monsieur [50] se plaignait, et qu'il avait dit depuis à quelqu'un que le roi le traitait comme un chien. Au reste, il assure que la reine mère croit que M. le Prince [51] pense fort à se mettre dans les affaires; qu'elle dit avoir remarqué une patience extrême en lui pour faire sa cour; que le roi l'estime fort, et que, sur toutes les choses qu'il fait, il demande aux gens si M. le Prince les approuve. Il est même très constant qu'il tâche à cabaler. Il a été voir ce bonhomme de cordelier; et la reine mère, quoiqu'elle ait une furieuse défiance de lui, l'aimerait encore mieux que rien; car il la recherche. Je tâcherai d'écrire quelque chose à monseigneur du P. Annat [52] ; mais comme c'est un homme fort réservé, je n'ose rien promettre. »

Peu de jours après, le même espion écrivait à Fouquet:

« Je n'ai point osé m'empresser ce matin à vous suivre pour vous apprendre, monseigneur, ce que le bon religieux que vous savez me dit hier. J'en appris, entre autres choses, qu'il croyait qu'il pourrait bien n'y avoir plus de conseil de conscience; et qu'il y avait deux jours que quelqu'un donna avis et envie au roi de voir une lettre que ces messieurs du conseil de conscience écrivaient à Rome par son ordre. Le paquet étant déjà entre les mains du courrier, fut reporté au roi, qui trouva que, dans cette lettre qu'il n'avait point vue, ces messieurs écrivaient qu'ils tenaient le roi dans l'obéissance exacte qu'il devait au saint-siège, et s'attribuaient comme la gloire de le gouverner. Cela le choqua extrêmement, et, jaloux comme il est de son autorité, il parut si irrité qu'il protesta qu'il ne les assemblerait plus.

« Au reste, Mme de Chevreuse [53] continue toujours à faire de grandes recherches à ce bonhomme-ci; mais assurément cela ne servira de rien, et vous apprendrez précisément tout ce qu'elle lui dira. Il persiste à croire ce que je vous ai écrit du roi et de Mlle de La Vallière, et pense que ce: qu'il en dit il y a quelque temps est absolument vrai.

« Comme j'ai appris depuis peu que le P. Leclerc, que je pensais qui devait être confesseur du roi après le P. Annat, le sera de Monsieur, je puis vous assurer que si cela est de quelque chose, j'aurai des habitudes et des liaisons aussi étroites avec lui que j'en ai auprès du bon père. »

L'influence de Mme de Chevreuse inquiétait particulièrement Fouquet, et il chargea la personne qui lui transmettait ces renseignements de découvrir les projets de cette dame. Il en reçut, le 21 juillet 1661, la réponse suivante:

« Je n'ai pu rien savoir de plus particulier de chez Mme de Chevreuse; mais depuis peu le bonhomme de confesseur est venu ici pour voir la personne dont j'ai eu l'honneur de vous parler autrefois. Il lui a conté tout ce qu'il savait, et, entre autres choses, lui a dit que depuis quelque temps Mme de Chevreuse lui avait fait de grandes recherches; qu'elle lui avait envoyé Laigues [54] plusieurs fois; qu'il lui avait parlé fort dévotement pour le gagner, mais surtout qu'il lui avait parlé contre vous, monseigneur. Je ne m'étendrai point de quelle sorte; car ce bonhomme-ci a dit qu'il l'avait conté à M. Pellisson [55]. Il me suffira donc de vous faire savoir sur cela que le bonhomme de cordelier se plaint un peu de ce qu'en faisant un éclaircissement à la reine mère, vous l'aviez comme cité; et que lui disant qu'elle allait à Dampierre [56] parmi vos ennemis, et qu'on lui avait dit des choses contre vous, comme elle niait qu'on lui eût jamais parlé de cette sorte, vous lui dites de le demander au père confesseur; que le lendemain la reine lui avait dit qu'elle ne pouvait comprendre comment vous saviez toutes choses, et que vous aviez des espions partout.

« La reine a encore dit qu'elle voyait une cabale dans la cour fort méchante qu'elle ne connaissait point et qu'elle ne pouvait encore pénétrer [57] ; qu'elle a su que depuis peu on avait fait coucher le roi avec une jeune personne, de laquelle ce bonhomme n'a pu redire le nom; et que la reine avait encore ajouté que le roi se relâchait fort sur la dévotion; qu'il ne se confessait ni ne communiait pas si souvent, et que le P. Annat était un pauvre homme, et si timide qu'il n'osait dire aucune chose au monde au roi, de peur que cela n'allât contre ses intérêts.

« Il a encore dit que la reine mère, en parlant des mécontentements qu'elle avait sur Madame [58] , lui avait assuré qu'elle était une profonde coquette et une artificieuse; mais qu'aussi la jeune reine [59] lui donnait bien de la peine avec ses larmes et toutes ses façons de faire.

« Elle a ajouté encore que depuis peu le roi lui avait dit que M. le cardinal, en mourant lui avait protesté, en lui parlant contre elle, qu'elle ne se passerait jamais d'homme [60] ; qu'il prît garde à elle, et qu'assurément elle ferait un mariage de conscience avec quelqu'un. Au reste, ce bonhomme assure que la reine mère reçoit tous les jours des avis contre tous les ministres, et que tantôt vous ôtes bien et tantôt mal dans son esprit; qu'on vous y rend souvent de très méchants offices, et que dans ces temps-là elle est fort déchaînée contre vous. »

Ce correspondant de Fouquet lui donnait quelquefois de bons conseils. Il lui écrivait le 2 août 1661:

« Le zèle, et la passion extrême que j'ai pour voire service, monseigneur, m'avaient fait penser en général, comme à plusieurs de vos serviteurs, qu'il ne vous serait point avantageux en aucune sorte de vous défaire de votre charge de procureur général. Cependant, par la connaissance et par l'admiration que j'ai pour votre prudence et pour votre jugement, j'étais entièrement, persuadé qu'il n'y avait rien de mieux, et que personne ne pouvant aller si loin ni juger si bien par ses propres lumières que vous, vous ne deviez prendre conseil que de vous-même. Cependant, monseigneur, j'ai appris aujourd'hui que vos ennemis sont ceux-là mêmes qui souhaitent avec passion que vous fassiez ce que vous avez résolu en cette rencontre; que ce sont eux qui vous y portent sous main, et que vous devez même vous défier du bon accueil et du bon visage que vous fait le roi, et des vues qu'on vous donne sur d'autres choses.

« Mme de Chevreuse a été ici, et l'on m'a promis de m'apprendre des choses qui vous sont de la dernière conséquence sur cela, sur le voyage de Bretagne [61] , sur certaines résolutions très secrètes du roi, et sur des mesures prises contre vous. Comme je n'ai pas voulu paraître fort empressé pour savoir ce qu'on avait à me dire, je n'ai pas osé presser la personne qui m'a parlé, ni m'opiniâtrer à demander une chose que je saurai demain naturellement et sans affectation.

« La reine mère dit dimanche dernier, sur vous, que M. le cardinal avait dit au roi que si l'on pouvait vous ôter les bâtiments et les femmes de la tête, vous étiez capable de grandes choses; mais que surtout il fallait prendre garde à votre ambition; et c'est par là qu'on prétend vous nuire. J'ai compris aussi que, de plusieurs personnes qui vous rapportent ce qu'ils peuvent attraper, il y en a beaucoup qui s'y gouvernent étourdiment, et qui font les choses d'une manière qui fait voir qu'ils ne veulent savoir que pour vous rapporter ce qu'ils savent. Ce qui a fait dire à la reine mère, encore depuis peu, que vous aviez des espions partout. »

La lettre suivante contenait encore des avis menaçants sur les dispositions du roi :

« L'on me dit hier qu'il y a peu de jours la reine mère, en parlant de vous, monseigneur, dit: « Il se croit à cette heure bien mieux que M. D. à la charge de maître de la chapelle du roi, qu'on a achetée trois fois plus qu'elle ne valait; il verra, il verra à quoi cela lui a servi, et ce qu'a fait sur l'esprit du roi tout l'argent qu'il a baillé de sa propre bourse pour le marquis de Créqui [62] . Le roi aime d'être riche, et n'aime pas ceux qui le sont plus que lui, puisqu'ils entreprennent des choses qu'il ne saurait faire lui-même, et qu'il ne doute point que les grandes richesses des autres ne lui aient été volées. »

« Mme de Chevreuse, lorsqu'elle fut ici, fut voir deux fois le confesseur de la reine mère. Cependant ce bonhomme cacha cela à M. Pellisson, qui, l'ayant été voir, lui demanda s'il ne l'avait point vue; ce qu'il lui nia, comme il a dit depuis. Il a encore dit ici des choses qu'il a données sous un fort grand secret, et qui sont de très grande conséquence. La personne qui les sait fait difficulté de me les dire, parce que Mme de Chevreuse y est mêlée, et que lui étant aussi proche, elle a peine à me les dire. Je ne manquerai point de vous les apprendre lorsque je les saurai, ne doutant point qu'on ne me les dise enfin. Si M. Pellisson voit le bonhomme, il ne faut pas qu'il fasse l'empressé avec lui, ni qu'il témoigne savoir ce qu'il n'a pas voulu lui dire. »

Ces avis n'arrêtèrent point Fouquet dans la voie qui le menait à l'abîme. Il crut, après la mort de Mazarin (9 mars 1661), que la puissance du cardinal allait passer tout entière entre ses mains. La plupart de ses partisans l'entretenaient dans cette illusion; leurs lettres apprennent qu'ils le nommaient l'Avenir, et voyaient déjà en lui l'arbitre de la France. L'un d'eux lui écrivait (le Bordeaux, le 29 août 1661, quelques jours avant son arrestation: « Si les ennemis de monseigneur ont fait courir des bruits à son désavantage, ils sont bien punis. Tout le monde présentement, dans ces provinces, ne parle que du crédit qu'il a sur l'esprit du roi, et dit cent choses avantageuses que je ne puis mettre sur ce papier. »

Jusqu'à quel point Fouquet porta-t-il ses vues ambitieuses? Voulut-il, comme on l'a souvent répété, faire de Belle-Ile une forteresse, où il aurait pu, en cas de disgrâce, braver l'autorité du roi? On ne peut nier l'authenticité du plan trouvé dans ses papiers pour fortifier cette île et prendre toutes les mesures nécessaires afin de se mettre à l'abri de la vengeance du roi. Jamais ni Fouquet ni ses défenseurs n'ont prétendu que ce plan eût été inventé par leurs ennemis. On voit d'ailleurs, par les lettres adressées au commandeur de Neuchèse [63] , que Fouquet comptait sur les galères de cet amiral, et que Neuchèse faillit être compromis dais son procès [64] . Il se tint même caché pendant quelque temps, comme le prouve la lettre suivante, que lui adressait le duc de Beaufort à la fin d'octobre 1661: « Monsieur, vous vous tenez fort caché sur tous les bruits qui ont couru à la cour, et les démarches de votre secrétaire sont cause que ces bruits se confirment, Pour moi, comme votre ami, lorsqu'on parle, je réponds des épaules, et je ne sais que dire, puisque vous vous êtes caché de moi comme des autres. Vous êtes bon et sage, mais la Toussaint vous trouve encore non embarqué. Croyez que cela vous fait grand tort, et plus que je ne vous le saurais dire. Remédiez-y promptement [65] . » L'affaire du commandeur de Neuchèse fut étouffée; mais les lettres que nous venons de citer confirment les soupçons qu'avait inspirés le plan trouvé à Saint-Mandé, dans la maison de Fouquet. Neuchèse y est indiqué comme s'étant engagé à servir le surintendant envers et contre tous.

D'ailleurs les dilapidations de Fouquet étaient parfaitement établies, et Louis XIV n'avait que trop de motifs pour le livrer à la rigueur de la chambre de justices; mais la violence que l'on mit dans la poursuite, les efforts des amis de Fouquet, la pitié qui s'attache naturellement au malheur, la longueur même dû procès, concilièrent peu à peu au surintendant l'opinion publique. On voulut exercer sur les juges, et principalement sur l'un des rapporteurs, Olivier d'Ormesson, une influence inique. D'Ormesson lui-même raconte, dans son journal inédit, la démarche que fit Colbert auprès de son père [66] pour se plaindre de la longueur du procès. Voici ce passage important :

« Samedi [3 mai 1664], étant après le dîner avec mon père dans son cabinet, et le P. d'Ormesson [67] , auquel je faisais entendre qu'il ne devait plus avoir aucun commerce avec Berryer [68] , parce qu'il abusait de sa franchise, et lui faisait dire bien des choses au delà de celles qu'il avait dites, et en prenait avantage, et ayant fait entendre à mon père l'injustice de leur conduite, l'on nous vint dire que M. Colbert entrait. Nous étant retirés, il resta seul avec mon père près d'une demi-heure. Étant sorti avec un visage fort sérieux, mon père nous dit qu'après les premières civilités, il lui avait dit qu'il avait ordre du roi de lui venir dire qu'il reconnaissait que je n'apportais pas toutes les facilités que je pouvais pour terminer le procès de M. Fouquet, et qu'il semblait, que j'affectais la longueur; que le roi était persuadé que je ferais justice au fond, et ne prétendait pas contraindre mes sentiments; mais qu'il voulait faire finir ce procès; que la chambre de justice ruinait toutes les affaires, et qu'il était fort extraordinaire qu'un grand roi, craint et le plus puissant de toute l'Europe, ne pût pas faire achever le procès à un de ses sujets, comme M. Fouquet; qu'à cela il (mon père) lui avait répondu qu'il était bien fâché que le roi ne fût pas satisfait de ma conduite; qu'il savait que je n'avais que de bonnes intentions; qu'il m'avait toujours recommandé la crainte de Dieu, le service du roi, et la justice sans acception de personnes; que la longueur du procès ne venait pas de moi, mais parce qu'il était fort grand, et qu'on l'avait rempli de trente, ou quarante chefs d'accusation, où il n'en fallait que deux ou trois; qu'un prédicateur qui prêchait la passion n'était pas trop long parlant trois heures, et quoique les autres sermons ne fussent que d'une heure; qu'il faudrait que j'eusse perdu le sens de chercher à plaire à M. Fouquet, dont la fortune était abîmée, et déplaire au roi, qui avait toutes les grâces en ses mains; mais que je ne cherchais que la justice ; que tous mes avis étaient suivis dans la chambre; que ceux mêmes qui ne l'avoient pas été d'abord l'avoient été depuis; que même il apprenait de tous côtés que je me conduisais de sorte que l'on ne pouvait découvrir mes sentiments; que sur, cela M. Colbert lui avait dit que l'on remarquait pourtant que je disais plus fortement et plus gaiement les raisons de M. Fouquet que celles du procureur général; qu'il lui avait répliqué qu'un rapporteur était obligé de faire valoir toutes les raisons; que l'on m'avait ôté l'intendance de Soissons, mais que je ne m'en plaindrais pas, et que cela ne m'empêcherait pas de faire justice; qu'il avait peu de biens et moi aussi, mais que nous les avions de, nos pères et que nous en étions contents; qu'il m'avait toujours conseillé de faire justice sans acception de personnes et sans considération d'intérêt et de fortune; et qu'ayant parlé des personnes qui me faisaient visite, M. Colbert avait dit qu'on n'était pas en peine de cela, et qu'on savait bien que je ferais justice, mais qu'on ne désirait que l'expédition; qu'il lui avait répliqué que je faisais tout ce qui dépendait de moi, travaillant soir et matin, et ne faisant autre chose; et ainsi, après plusieurs discours de cette qualité, il s'était retiré.

« Je fus ravi que mon père lui eût, parlé si bien et si généreusement, et j'en allai faire aussitôt la relation à M. Le Pelletier [69] , pour en informer M. Le Tellier, afin qu'il prît garde à la manière dont M. Colbert en parlerait. Nous fûmes ensemble le soir voir M. le premier président [70] , qui était avec M. Colbert, et entretint ensuite M. le maréchal de Villeroy. Il fut fort surpris d'apprendre cette visite, qui est contre toutes les règles de la prudence. Là j'appris que M. Berryer était conseiller d'État ordinaire; que le roi lui avait donné une abbaye de six mille livres, et voulait qu'il donnât le nom de ses enfants pour obtenir de Rome une dispense de tenir des bénéfices avant l'âge, et qu'il avait mandé les procureurs généraux de la chambre [71] pour leur dire qu'il voulait que M. Berryer eût connaissance de toutes les affaires de la chambre de justice, et qu'ils ne prissent aucunes conclusions que par son avis, et qu'il sollicitât tous les juges de la chambre de justice pour ses intérêts.

« Une conduite si bizarre et si extraordinaire m'oblige à dire ici les sentiments qu'on en a. Tout le monde blâme M. Colbert de se charger lui-même de messages désagréables; d'avoir voulu voir lui-même M. Boucherat [72] pour faire plus d'éclat et augmenter l'injure, vu que la même chose se pouvait faire doucement, sans bruit, et M. Le Tellier s'étant offert de lui parler; d'avoir voulu venir encore lui-même parler à mon père, par le même principe; que d'ôter [de la chambre de justice] M. Boucherat, homme de bien et de réputation, c'était faire connaître que ses intentions étaient mauvaises; que de m'avoir ôté l'intendance de Soissons, étant rapporteur, c'était me faire honneur et se charger de honte, et faire croire qu'il désirait de moi des choses injustes, et que j'avais assez d'honneur pour y résister; que c'était achever de gâter le procès en faisant injure au rapporteur, et me mettant hors d'état de leur être favorable, quand j'en aurais le dessein; car l'on attribuerait mes sentiments à crainte ou à intérêt, et non pas à justice; et, pour comble, d'élever Berryer et le faire conducteur public de toutes les affaires de la chambre de justice, c'était faire gloire d'infamie et de honte; car Berryer est le plus décrié des hommes. »

Cette intervention de Colbert avait produit un effet plus défavorable qu'utile à la cause qu'il voulait faire triompher. Les lettres de Mme de Sévigné suffiraient pour prouver à quel point l'opinion publique se déclarait en faveur de Fouquet. Le Tellier lui-même en convint dans une visite que lui fit Olivier d'Ormesson [73] :

« Je fus dire adieu à M. Le Tellier, qui me fit entrer dans son jardin, et lui ayant témoigné lui avoir obligation de là manière dont je savais qu'il avait parlé, il me dit mille civilités; que tout ceci ne serait rien, et qu'il ne fallait pas que je témoignasse aucun ressentiment; mais que j'allasse toujours le même chemin, sans faire ni plus ni moins, afin que l'on ne crût pas que je fisse rien par crainte, ni aussi que je me voulusse venger. Il me parla ensuite du procès, des fautes qu'on y avait faites, entra dans le détail, dit qu'on avait fait la corde trop grosse; qu'on ne pouvait plus la serrer; qu'il ne fallait qu'une chanterelle [74] ; me parla fort que M. le cardinal (Mazarin) n'avait jamais pris un quart d'écu par le moyen de M. Fouquet; mais qu'il avait des prêts [75] , et, pour son remboursement, avait pris des recettes, sur lesquelles on lui donnait la remise comme aux traitants, et lui n'en donnait que peu, et ainsi avait gagné beaucoup. »

Louis XIV lui-même eut occasion de s'expliquer avec les rapporteurs sur le procès, dont il blâmait la lenteur. Il le fit avec une dignité qu'Olivier d'Ormesson s'empresse de reconnaître [76] :

« A trois heures, je fus avec M. de Sainte-Hélène [77] Il au château [78]. Nous trouvâmes le roi dans son cabinet avec MM. Colbert et Lyonne [79] , et s'étant avancé près de la fenêtre, il nous dit ces mêmes paroles, autant que j'ai pu m'en souvenir :

« Lorsque j'ai trouvé bon que Fouquet eût un conseil libre, j'ai cru que son procès durerait peu de temps; mais il y a plus de deux ans qu'il est commencé, et je souhaite extrêmement qu'il finisse. Il y va de ma réputation. Ce n'est pas que ce soit une affaire de grande conséquence; au contraire je la considère comme une affaire de rien; mais dans les pays étrangers, où j'ai intérêt que ma puissance soit bien établie, l'on croirait qu'elle ne serait pas grande si je ne pouvais venir à bout de faire terminer une affaire de cette qualité contre, un misérable. Je ne veux néanmoins que la justice, mais je souhaite voir la fin de cette affaire de quelque manière que ce soit. Quand la chambre a cessé d'entrer, et qu'il a fallu transférer M. Fouquet à Moret, j'ai dit à Artagnan de ne plus lui laisser parler avec les avocats, parce que je ne voulais pas qu'il fût averti du jour de son départ. Depuis qu'il a été à Moret, je lui ai dit de ne les laisser communiquer avec lui que deux fois la semaine, et en sa présence, parce que je ne veux: pas que ce conseil soit éternel; et j'ai su que les avocats avoient excédé leur fonction, avoient porté et reporté des paquets et tenu un autre conseil au dehors, quoiqu'ils s'en défendent fort; et puis dans ce projet, par lequel il voulait bouleverser l'État [80] , il doit faire enlever le procès et les rapporteurs. C'est ce qui m'a fait donner cet ordre, et je crois que la chambre y ajoutera. Je m'en remets néanmoins à ce qu'elle fera sur la requête de M. Fouquet [81] . Je ne veux sur tout cela que la justice, et je prends garde à tout ce que je vous dis; car, quand il est question de la vie d'un homme, je ne veux pas dire une parole de trop. La chambre donc ordonnera ce qu'elle jugera à propos. J'aurais pu vous dire mes intentions dès hier; mais j'ai voulue voir la requête, et je me la suis fait lire avec application, et on est bien aise de savoir ce que l'on a à dire. Je vous ai dit mes intentions, et je vous rends la requête, afin que la chambre y délibère. »

« Après ce discours, le roi m'ayant donné la requête, je lui dis que nous ferions rapport à la chambre de ce qu'il avait plu à Sa Majesté de nous dire, et nous nous retirâmes. Je ne veux pas omettre une circonstance qui me parut fort belle au roi, c'est qu'étant demeuré court au milieu de son discours, il demeura quelque temps à songer pour se reprendre, et nous dit: « J'ai perdu ce que je voulais dire, » et songea encore assez de temps; et ne retrouvant point ce qu'il avait médité, il nous dit: « Cela est fâcheux quand cela arrive; car en ces affaires, il est bon de ne rien dire que ce qu'on a pensé. »

Il y a loin de cette parole mesurée et sérieusement réfléchie aux anecdotes que l'historien protestant La Hode a recueillies [82] , et que M. de Sismondi a reproduites [83] . D'après ces écrivains, Louis XIV aurait personnellement sollicité Olivier d'Ormesson pour ce qu'il aurait appelé son affaire, et d'Ormesson lui aurait répondu: « Sire, je ferai ce que mon honneur et ma conscience me suggéreront. » Et pour rendre l'anecdote plus piquante, les inventeurs ont eu soin d'ajouter que d'Ormesson sollicitant dans la suite une grâce pour son fils. Louis XIV lui dit, comme parodiant les paroles du magistrat: « Je ferai ce que mon honneur et ma conscience me suggéreront. » Rien de plus faux que ces anecdotes. Il n'était ni dans le caractère de Louis XIV de descendre à des sollicitations personnelles, ni dans celui d'Olivier d'Ormesson de répondre au roi avec une hauteur insolente. Ce magistrat savait concilier l'intègre observation de la justice et le respect pour l'autorité souveraine. Le résumé qu'il fait du procès en est une nouvelle preuve :

« Voilà ce grand procès fini, qui a été l'entretien de toute la France du jour qu'il a été commencé jusqu'au jour qu'il a été terminé. Il a été grand bien moins par la qualité de l'accusé et l'importance de l'affaire, que par l'intérêt des subalternes, et principalement de Berryer, qui y a fait entrer mille choses inutiles et tous les procès-verbaux de l'épargne, pour se rendre nécessaire, le maître de toute cette intrigue, et avoir le temps d'établir sa fortune; et comme, par cette conduite, il agissait contre les intérêts de M. Colbert, qui ne demandait que la fin et la conclusion, et qu'il le trompait dans le détail de tout ce qui se faisait, il ne manquait pas de rejeter les fautes sur quelqu'un de la chambre: d'abord ce fut contre les plus honnêtes gens de la chambre, qu'il rendit tous suspects, et les fit maltraiter par des reproches publics du roi; ensuite il attaqua M. le premier président, et le fit retirer de la chambre et mettre en sa place M. le chancelier. Après il fit imputer toute la mauvaise conduite de cotte affaire à M. Talon [84] , qu'on ôta de la place de procureur général avec injure; et enfin, la mauvaise conduite augmentant, les longueurs affectées par lui continuant, il en rejeta tout le mal sur moi; il me fit ôter l'intendance de Soissons, il obligea M. Colbert à venir faire à mon père des plaintes de ma conduite; et enfin l'expérience ayant fait connaître qu'il était la véritable cause de toutes les fautes, et les récusations ayant fait voir ses faussetés, les procureurs généraux Hotman et Chamillart lui firent ôter insensiblement tout le soin de cette affaire, et dans les derniers mois il ne s'en mêlait plus, et pour conclusion il est devenu fou [85] , et ainsi le procès s'est terminé; et je puis dire que les fautes importantes dans les inventaires, les coups de haine et d'autorité qui ont paru dans tous les incidents du procès, les faussetés de Berryer et les mauvais traitements que tout le monde, et même les juges, recevaient dans leur fortune particulière [86] , ont été de grands motifs pour sauver M. Fouquet de la peine capitale; et la disposition des esprits sur cette affaire a paru par la joie publique, que les plus grands et les plus petits ont fait paraître du salut de M, Fouquet, jusques à un tel excès qu'on ne le peut exprimer, tout le monde donnant des bénédictions aux juges qui l'ont sauvé, et à tous les autres des malédictions et toutes les marques de haine et de mépris, les chansons contre eux commençant à paraître [87] ; et je suis surpris qu'y ayant quinze jours passés que cette histoire est finie, le discours n'en finit point encore, et l'on en parle par toutes les compagnies comme le premier jour. »

Les assertions d'Olivier d'Ormesson ne sont pas confirmées seulement par Mme de Sévigné, dont le témoignage pourrait paraître suspect, mais même par Gui Patin, dont on connaît l'esprit peu charitable, surtout à l'égard des financiers. Il n'a que des louanges pour Olivier d'Ormesson. Il écrit à son ami Falconet [88] : « M. d'Ormesson a dit son avis, et, après de belles choses, a conclu à un bannissement perpétuel et à la confiscation de tous les biens. » Quelques jours après, il disait dans une lettre adressée au même Falconet [89] : « On dit que M. Fouquet est sauvé, et que, de vingt-deux juges, il n'y en a que neuf à la mort, les treize autres au bannissement et à la confiscation de ses biens. On en donne le premier honneur à celui qui a parlé le premier, qui était le premier rapporteur, M. d'Ormesson, qui est un homme d'une intégrité parfaite. »

Suite
[39]
Vaux-le-Vicomte (département de la Marne).
[40]
Ces lettres ont été conservées par Baluze, bibliothécaire de Colbert, et font aujourd'hui partie des manuscrits de la Bibliothèque Impériale. C'est de là que j'ai tiré plusieurs des pièces citées dans cette note.
[41]
Voy. principalement les Mémoires du jeune Brienne (H. L. de Loménie).
[42]
La copie de cette lettre se trouve dans les manuscrits Conrart, bibliothèque de l'Arsenal, in-4°, t. XI, p. 152. On comprend que l'original d'une pareille lettre ait été détruit; mais, comme on retrouve dans les papiers de Fouquet, plusieurs lettres dont les copies, données par Conrart, reproduisent l'esprit, sinon les expressions, il n'y a pas de motif suffisant pour rejeter cette lettre comme apocryphe. La copie est de la main de Conrart.
[43]
C'est aussi l'avis de plusieurs écrivains contemporains.
[44]
On a prétendu, en effet, que Louis XIV fut instruit de la passion du surintendant pour aille de La Vallière, et que ce fut une des causes de l'acharnement avec lequel il poursuivit Fouquet.
[45]
La reine mère Anne d'Autriche.
[46]
La reine mère n'est pas nommée dans ces propositions; mais il est très vraisemblable qu'elles devaient lui être soumises, puisqu'elles sont jointes à la lettre suivante écrite par une des personnes que Fouquet avait chargées de surveiller et de gagner Anne d'Autriche: « J'attendais toujours d'avoir l'honneur de vous entretenir pour vous dire bien des choses. Je ne sais si vous savez le pouvoir que la mère de la Miséricorde a sur la reine et l'intrigue secrète qui s'y fait. M. Le Tellier et M. de L'Estrade la voient tous les jours. On m'en a dit bien des choses avec le secret. Si cela vous est utile, faites-le-moi savoir; vous savez que je suis tout à vous et qu'il n'y a rien que je ne fasse pour vous le témoigner. »
[47]
Le prince de Condé avait quitté la Belgique pour rentrer en France le 29 décembre 1659; Mazarin mourut le 9 mars 1661; c'est entre ces deux dates, probablement vers le commencement de 1660, que cette lettre de Fouquet a dû être écrite. Quant aux flatteries de Condé envers Mazarin, on en trouve la preuve dans une lettre que le prince écrivait au cardinal le 24 décembre 1659, peu de jours avant de quitter Bruxelles: « Pour vous, monsieur, lui disait-il, quand je vous aurai entretenu une heure, vous serez bien persuadé que je veux être votre serviteur, et je pense que vous vous voudrez bien aussi m'aimer. »
[48]
Cette lettre est du 22 avril 1661.
[49]
Secrétaire d'État chargé des affaires étrangères.
[50]
Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV.
[51]
Louis de Bourbon dont il était question dans la pièce citée précédemment.
[52]
Jésuite confesseur de Louis XIV.
[53]
Marie de Rohan, née en décembre 1600; elle avait épousé en 1617 Charles d'Albert, duc de Luynes; veuve en 1621, elle se remaria l'année suivante avec Claude de Lorraine, duc de Chevreuse; elle mourut le 12 août 1679. Mme de Chevreuse, dont le nom reparaît plusieurs fois dans ces lettres était une des ennemies de Fouquet.
[54]
Laigues était le mari de conscience de Mme de Chevreuse. Voy. les Mémoires du jeune Brienne.
[55]
Pellisson était un des principaux commis de Fouquet.
[56]
Château de Mme de Chevreuse.
[57]
Il s'agit probablement de la cabale de la comtesse de Soissons.
[58]
Henriette d'Angleterre, femme de Philippe d'Orléans.
[59]
Marie-Thérèse d'Autriche.
[60]
Ces mots sont soulignés dans le manuscrit.
[61]
Le voyage de Bretagne et l'arrestation de Fouquet eurent lieu au commencement de septembre.
[62]
François de Créqui avait épousé la fille de Mme du Plessis-Bellière, qui avait une grande influence sur le surintendant.
[63]
Ce commandeur de l'ordre de Malte avait été nommé vice-amiral et intendant général de la marine le 7 mai 1661, en remplacement de Louis Foucault de Saint-Germain.
[64]
Un des amis du commandeur de Neuchèse lui écrivait le 19 octobre 1661: « On vous a servi ici de bonne manière, et en vérité vous en aviez grand besoin. On n'a jamais vu une telle rage que celle de M. Fouquet; car il a fait tout son possible pour perdre amis et indifférents. À La lettre se termine par le post-scriptum suivant: « Assurément on fera le procès à M. Fouquet. Si vous aviez le temps, on vous pourrait bien mander de venir ici dire votre projet; mais n'y songez pas, si on ne vous l'ordonne. »
[65]
Voy. plus haut, le récit de l'arrestation de Fouquet.
[66]
André d'Ormesson, doyen du conseil d'État.
[67]
Nicolas Lefèvre d'Ormesson, religieux minime, était frère d'Olivier d'Ormesson.
[68]
Berryer, un des commis de Colbert, avait été chargé de l'inventaire des pièces du procès de Fouquet, et accusé de les avoir falsifiées.
[69]
Claude Le Pelletier fut contrôleur général des finances en 1683, après la mort de Colbert.
[70]
Guillaume de Lamoignon.
[71]
Il y avait alors deux procureurs généraux de la chambre de justice, Hotman et Chamillart, tous deux maîtres des requêtes.
[72]
Louis Boucherat, conseiller d'État; il devint chancelier de France après la mort du maréchal Le Tellier.
[73]
Journal d'Olivier d'Ormesson, à la date du 2 mai 1664.
[74]
Corde de luth ou de violon, fort mince.
[75]
On voit par ce passage que Mazarin faisait des avances à l'État et se remboursait sur les deniers publics. Le Tellier avoue que Mazarin prêtait à l'État à gros intérêts, et ainsi gagnait beaucoup. C'est à peu près ce que dit Saint-Simon (p. 112 du t. XIV).
[76]
Journal d'Olivier d'Ormesson, à la date du 8 juillet 1664.
[77]
C'était le second rapporteur du procès de Fouquet.
[78]
Château de Fontainebleau, où la cour résidait alors. La chambre de justice y avait été transférée. Fouquet était enfermé à Moret.
[79]
Hugues de Lyonne, secrétaire d'État chargé des affaires étrangères.
[80]
Ce projet, trouvé dans la maison de Fouquet à Saint-Mandé, a été publié par M. P. Clément, Histoire de Colbert, introduction.
[81]
Par cette requête, Fouquet demandait à communiquer librement avec ses défenseurs.
[82]
Hist. de Louis XIV, liv. LXXVII, p. 162.
[83]
Hist. des Français, t. XXV, p. 75.
[84]
Denis Talon, fils d'Omer Talon, avait d'abord été procureur général de la chambre de justice.
[85]
Voy. Mme de Sévigné, lettre du 17 décembre 1664.
[86]
Olivier d'Ormesson fait allusion à la réduction des rentes opérée par Colbert en 1664.
[87]
On trouve en effet de ces chansons dans les recueils de la Bibliothèque impériale et de l'Arsenal; mais elles ne valent pas la peine d'être citées.
[88]
T. III, p. 499; édit. Reveillé-Parise.
[89]
Ibid., p. 501.